Introduction
Gare centrale de Luxembourg, capitale du Grand-Duché de Luxembourg, voie 11, le train RE à destination de Koblenz-Hbf est annoncé.
Vitrail dans la salle des pas perdus de la gare de Luxembourg
Chaque heure à h33, il quitte la capitale Luxembourgeoise pour Koblenz, ville sur le Rhin et où la Moselle achève sa longue course.
Outre cette relation, il existe aussi du lundi au samedi un train RB qui relie Luxembourg à Wasserbillig (dernière gare Luxembourgeoise) et un autre train RB qui atteint Wittlich en Allemagne. Le dimanche, cette dernière relation n’est pas assurée.
Automotrice de fabrication française sur le viaduc du Pulvermühl à Luxembourg, ce matériel vit ses derniers mois
Un petit mot du réseau des CFL : toutes les lignes atteignent ou transitent par la gare centrale. Le réseau luxembourgeois est constitué de cinq lignes en Etoile :
L10 vers Troisvierges et au delà vers Liège avec antennes d’Ettelbruck à Diekirch et de Kautenbach à Wiltz, L30 vers Wasserbillig et Trier, L50 vers Arlon et Bruxelles, L60 vers Bettembourg - Esch-sur-Alzette et Pétange avec trois antennes de Bettembourg à Vollmerange-les-Mines, Noertzange - Rumelange et Esch-sur-Alzette - Audun-le-Tiche, L70 vers Rodange via Hollerich et Dippach-Rekange et L90 vers Bettembourg et Metz / Nancy (parcours commun avec la L60 jusqu’à Bettembourg).
Mille trains circulent chaque jour au Grand-Duché de Luxembourg! Pour un pays de 600.000 habitants, c’est franchement énorme. Il faut dire que 300.000 navetteurs viennent de France, de Belgique et d’Allemagne travailler chaque jour au Grand-Duché.
Voici donc notre rame qui arrive de Koblenz-Hbf et qui repartira après 10 minutes à quai, la réutilisation rapide du matériel est essentielle en gare de Luxembourg, gare au trafic intense comme nous avons pu en juger dans le paragraphe précédent.
Le matériel utilisé sur la relation RE 11 Luxembourg - Koblenz-Hbf est assurée par les rames à deux étages de type KISS construites par Stadler.
Automotrice KISS qui assure notamment le service RE 11 vers Koblenz
Pour profiter davantage du paysage, les meilleures places sont bien évidemment à l’étage supérieur. En route, donc pour Koblenz-Hbf.
Le trajet
Nous quittons Luxembourg et passons le viaduc du Pulvermühl aujourd’hui à quatre voies pour séparer les trafics vers la ligne du Nord et vers Wasserbillig. Si l’on regarde vers la gauche dans le sens de la marche, on aura une vue superbe sur la ville de Luxembourg et sur le Grund en contrebas où coule l’Alzette.
Vue sur le centre-ville depuis le train
Le viaduc du Pulvermühl enjambe le Grund et la vallée de l’Alzette
Le premier arrêt est Sandweiler-Contern qui dessert de nombreuses entreprises. La gare originelle a été abandonnée pour un nouveau site plus proches des entreprises, un chemin piéton relie néanmoins l’ancienne gare à la nouvelle halte.
Rejoignant une première fois la Moselle près de Wasserbillig, nous marquons un arrêt dans la petite gare frontalière. Quelques centaines de mètres plus loin, un pont enjambe la Sûre, petite rivière qui marque la frontière entre Le Grand-Duché et l’Allemagne, une fois ce pont franchi, nous sommes en Allemagne. A noter que l’autre rive de la Moselle est aussi allemande, la Moselle marque la frontière entre Le Grand-Duché et l’Allemagne jusqu’à Schengen (oui, c’est l’endroit où ont été signés les accords sur la libre-circulation en Europe). Après, la Moselle devient française (enfin en remontant vers sa source). Mais revenons à Wasserbillig et poursuivons notre périple en territoire allemand, nous longeons encore un peu la Moselle et marquons un arrêt à Igel, célèbre pour sa colonne romaine. Viennent ensuite Kreuz-Konz, où nous passons la Moselle et pouvons aussi voir la Sarre (Saar) qui se jette dans le fleuve non loin de là. Nous marquons encore un arrêt à Trier-Süd et arrivons à Trier-Hbf.
Rame réversible des CFL sur un train vers Trier-Hbf avant la création de la relation actuelle Le trafic était assuré aussi par des autorails diesel alors que la ligne est électrifiée, époque aujourd’hui révolue
Igel vue depuis le train et la colonne romaine
Peu avant d’arriver à Kreuz-Konz, on peut voir la confluence de la Sarre et de la Moselle La ligne longe la Moselle jusqu’à Trier
Trier, Trèves en français, est la plus ancienne ville d’Allemagne, capitale de l’empereur romain Constantin, elle a conservé de nombreux vestiges dont la célèbre Porta Nigra située non loin de la gare. Il y aussi un très beau musée d’histoire où l’on peut voir une maquette de Trèves à l’époque romaine. La basilique de Constantin est aujourd’hui une église protestante. La cathédrale vaut assurément une visite et au moment des fêtes de fin d’années, Trèves est un incontournable pour les touristes de la région et au-delà pour son marché de noël. Le samedi, on vient du Luxembourg et du département de la Moselle pour faire du shopping. Et enfin, last but not least, ne manquez pas de visiter le musée de Karl Marx dans sa maison natale car oui, il est né à Trier.
Porta Nigra
Revenons à la gare où dans l’entre-temps, une autre rame arrivant de Saarbrücken s’est jointe à la nôtre et après quelques minutes d’arrêt, nous repartons en direction de Koblenz. A noter qu’au départ de Trier-Hbf, on peut aussi emprunter le RB (omnibus) qui dessert toutes les gares du parcours, nous y reviendrons plus loin dans cet article.
En quittant Trier-Hbf, nous passons la Moselle à Pfalzel et laissons provisoirement la Moselle s’éloigner de nous. Ensuite nous passons Ehrang où se détache la ligne de l’Eifel vers Gerolstein et Köln (Cologne), cette ligne a été fortement endommagée par les inondations de juillet 2021 et est toujours neutralisée sur une partie de son parcours. Nous continuons notre route et desservons Schweich avant d’arriver après trente minutes Wittlich-Hbf. Cette gare est le point de convergence de plusieurs lignes de bus régionales, notamment vers Bernkastel-Kues, un charmant bourg au bord la Moselle et aux petites ruelles garnies de maisons à colombages typiques.
A l’approche de Bullay, nous entamons une descente pour rejoindre la Moselle que nous allons ensuite croiser à plusieurs reprises, le fleuve formant de larges et longs méandres. Par la route, le trajet est bien plus long qu’en train, car contrairement à celui-ci, les routes longent la Moselle. Dans le passé, il existait aussi une ligne ferrée à voie étroite qui longeait la Moselle de Trier à Bullay en passant par Bernkastel et Zell (Mosel). Peu avant d’arriver à Bullay, nous recevons la voie de la petite antenne qui vient de Traben-Trarbach. La Moselle et un de ses larges méandres peu avant Bullay
Bullay est le point de départ de nombreuses balades et randonnées, on peut aussi prendre le bac et se rendre de l’autre rive de la Moselle à Alf et après une balade qui nous mène à un éperon, nous pourrons visiter le château du même nom que l’on aperçoit dans le lointain depuis le train.
Bullay, c’est aussi le pont métallique sur la Moselle dont l’étage inférieur est destiné aux véhicules routiers et l’étage supérieur aux trains. Le pont métallique sur la Moselle à Bullay
Nous quittons Bullay et suivons un peu la Moselle qui maintenant est sur notre gauche dans le sens de la marche. Les tunnels sont plus nombreux ici nous évitant de longs détours en longeant le fleuve, nous croisons la Moselle une dernière fois à hauteur d’Ediger-Eller et empruntons ensuite le plus long tunnel de la ligne : le Kaiser Wilhelm Tunnel. Avec ses 4205 mètres de longueur, il était jusqu’en 1988 le plus long tunnel ferroviaire d’Allemagne! Grâce à lui, le trajet de Bullay à Cochem, ne dure que dix minutes. Avant l’apparition de la relation RE1/RE11, les trains étaient limités au trajet Koblenz - Trier et assurés par du matériel plus ancien Nouveau méandre sur la Moselle à hauteur du village d’Ediger, point de départ d’une balade frisant l’escalade dans le Calmont, le vignoble le plus abrupt d’Allemagne
Cochem, c’est sans doute une des destinations par excellence pour les touristes, en été, les terrasses sont bien remplies. Cochem, c’est aussi le Reichsburg, le plus grand château en hauteur de la vallée de la Moselle. Le château a été construit aux alentours de l’an mil mais a été détruit par les troupes de Louis XIV en 1689. La ville et son château seront aussi occupés et gouvernés par les français lors des guerres napoléoniennes. Au XIXème siècle Louis Ravené, un industriel prussien, rachète le château et le reconstruit en style néo-gothique d’après d’anciens plans. Depuis 1978, il est propriété de la ville et est visité chaque année par des milliers de touristes! Une chose est sûre, on le voit de loin et sa visite vaut la peine, de plus, du sommet de la colline où il trône, la vue sur la vallée est imprenable! Cochem possède aussi un antique moulin à moutarde qui se visite et où l’on peut acquérir des moutardes artisanales (aussi à déguster sur place).
Le Reichsburg à Cochem la nuit
Nous allons suivre la Moselle jusqu’à Koblenz qui a chaque saison, offre un visage différent. L’arrêt suivant est Treis-Karden, de cette gare, on peut rejoindre le Burg Eltz, un véritable château de contes de fée perdu dans la forêt et perché, lui aussi sur un éperon. La balade est très sportive, il faut s’extraire de la vallée par un chemin escarpé. Si vous souhaitez un trajet plus relax, il vaut mieux prendre le RB (omnibus) jusqu’à Moselkern, de là, un chemin plus aisé vous mènera au pieds du château, la seule montée, sera celle pour accéder au château. Approche de Treis-Karden dont aperçoit tout à droite les tour de l’église Saint Castor Vue sur la vallée depuis le sentier qui mène de Treis-Karden au Burg Eltz Le Burg Eltz Le Burg Thurant en automne vu depuis le train Une autre vue du Burg Thurant
Cette partie du trajet nous dévoilera quelques châteaux comme le Burg Thurant que l’on peut rejoindre depuis la halte de Löf (où s’arrête le train RB). Encore quelques minutes et nous arrivons à Kobern-Gondorf, petit village paisible point de départ de belles balades dont l’une d’elle mène aux Nieder et Oberburg. A côté de l’Oberburg se trouve la chapelle St. Matthias. De là-haut, on a aussi une belle vue sur la vallée de la Moselle.
Nous continuons de longer la Moselle, passons sous l’imposant viaduc de l’autoroute près de Winningen et arrivons dans la périphérie de Koblenz où nous franchirons une dernière fois la Moselle pour rejoindre la gare principale après un trajet de 2 heures 25 depuis Luxembourg-Ville.
Féerie givrée en hiver Le viaduc de l’autoroute qui enjambe la vallée de la Moselle entre Kobern-Gondorf et Koblenz
Koblenz se situe au confluent du Rhin et de la Moselle, où cette dernière se jette à hauteur du Deutsches Eck et son imposante statue équestre de Guillaume Ier. Le site est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Panorama sur Koblenz et sur le Deutsches Eck depuis le téléphérique qui mène à la forteresse d’Ehrenbreitstein
On ne manquera pas de visiter le musée consacré au Rhin moyen (Mittelrhein Museum) où vous apprendrez tout ou presque sur le mythique fleuve et la célèbre Loreley. La vieille ville offre de nombreuses possibilités pour manger et boire. Le téléphérique, vestige du Bundesgartenschau (exposition florale qui a eu lieu en 2011) vous emmènera jusqu’à la forteresse d’Ehrenbreitstein. On pourra aussi flâner le long du Rhin.
Pour les amateurs de trains, il y a aussi la section locale du musée des chemins de fer à Lützel (accès en bus ou train et marche depuis la halte de Koblenz-Lützel sur la ligne en direction de Köln).
Si vous êtes amateur de randonnées, je ne peux manquer d’évoquer le Moselsteig, un sentier de 365 kilomètres entre Perl (en face de Schengen) à la frontière française et Koblenz, une expérience inoubliable!
Si cette évocation (très incomplète tant il y a de choses à voir tout au long du parcours) vous a mis en appétit, n’hésitez pas alors à organiser un court ou un long séjour qui vous permettra de découvrir toutes les beautés naturelles, patrimoniales et culinaires qu’à offrir cette belle vallée.
Et par une belle journée ensoleillée, un petit vin blanc de la Moselle sera un rafraîchissement bienvenu.
Malgré le soin apporté à la rédaction, une omission, une coquille ou une faute sont toujours possible, merci de me le signaler.
Je vous laisse le soin de rechercher sur internet des informations complémentaires sur tous les lieux évoqués, une liste serait forcément incomplète.
Toutes les photos sont de moi.
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